Il a fallu que j’y aille, vendredi soir, même si un coup de téléphone m’avait retenu une heure, même si personne ne voulut m’accompagner, il a fallu que j’y aille : on ne sait jamais bien pourquoi ces choses semblent importantes (et il se peut qu’elles ne le soient pas) mais quelque chose nous pousse, on prend la voiture pour rentrer à la nuit, on arrive à la place Daumesnil et sa fontaine au lions.
Une place se libère, on se gare, il est huit heure moins le quart tant pis, on entre, c’est déjà commencé…
Une pièce de théâtre dans une librairie, c’est un peu comme si on allait y trouver un chanteur (on recommanderait bien Allain Leprest…), ou un pianiste… Oui, ça a été fait, certes… Les deux comédiens sont sur scène, éclairés d’une lumière du jour, les spectateurs (« c’est blindé »…) écoutent et rient, tout autour d’eux, des livres, des étagères, des livres comme s’ils dormaient…
Les deux comédiens se chamaillent, ils s’étripent, ils se tueraient peut-être si nous n’étions là, à les écouter, à comprendre que oui, « Pour un oui, pour un non » nous aussi, nous serions prêts à nous battre et que parfois, oui, parfois, ce serait nécessaire (là, j’ai pensé à la « pause » marquée par le site Zazieweb et je me suis dit que ça n’était pas normal, non, que ça ne devrait pas arriver). J’ai écouté ce texte de Nathalie Sarraute (sec, cassant, terriblement proche de ce que nous sommes)
j’ai pensé aux bruits et aux mots que j’entends, ces jours-ci, cette « crise », cette « grippe », j’ai repensé à l’automne, aux suicides de Guyancourt, de ceux des prisons, et de ceux de France Télécom, et le spectacle s’est terminé… Ils sont sortis, on a applaudi les comédiens (Philippe Catoire et Serge Crakowski, si présents, ennemis ou tendres) : dans une librairie (Atout Livre, au 203 bis de l’avenue Daumesnil), du théâtre, oui, et pourquoi pas, après tout ?
novembre 7th, 2009 → 12:42
[…] novembre 2009 « C’est bien, ça… » : ces mots de « Pour un oui pour un non » de Nathalie Sarraute, prononcés comme sans (les) […]